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telle. La jeune fille y trouva des strophes en prose, sous ce titre concis et éloquent : À Elle.

« Je t’attendais, blanche sœur de mon âme ! Depuis si longtemps, je rêvais de toi ! Avec quelle anxiété je te cherchais sur ma route !

« Quelquefois, j’ai cru voir rayonner tes yeux… tes yeux purs… J’ai pensé toucher ta main amie… Mais trop tard, j’étais détrompé cruellement ! si cruellement ! Et mon cœur meurtri, profané, n’en pouvait plus d’espérance toujours trahie ! Je ne voulais plus croire ! Je jurais de ne plus aimer ! Le printemps se mourait, flétri par l’âpre brise.

« Mais je t’ai rencontrée ! Tu t’es penchée vers moi ! Et à ton sourire, mon cœur défaillant retrouve la tendre foi ! Tout s’éclaire ! Les roses refleurissent !… »

Estelle lut en tremblant cette confession fiévreuse, traversée de cris d’amour. Puis elle tendit le feuillet à Adrien. Et tous deux s’embrassèrent, les yeux humides de larmes heureuses.

— À personne je ne donnerai plus facilement le nom de frère ! fit le jeune homme.

Ils n’en dirent pas davantage. Mais l’absent désormais resta entre eux, mêlé à l’intimité du présent et de l’avenir. Et pendant que les moissons blondissaient au soleil, que les lis dressaient des thyrses parfumés, que les merles pillaient, à