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et que la cadence de leurs pas était le rythme même du mouvement des mondes.

Elle sentait qu’après un tel silence quelque chose d’immense allait être dit, et le cœur lui tremblait d’appréhension. La rivière apparaissait, brillante de soleil, quand Renaud parla, et de quelle voix rouillée, méconnaissable !

— C’est fini ! Il va falloir m’arracher à tout cela !…

D’un geste ample, il indiquait les prés constellés de marguerites et de boutons d’or, les taillis tapissés de fougères, la masse odorante et bruissante des bois.

— Finie, la trêve ! Je viens de recevoir du grand Manitou de ma Revue une lettre comminatoire me rappelant à Paris. Je pars dès ce soir.

— Dès ce soir ! répéta-t-elle, consternée.

Et comme un naufragé qui empoigne une planche flottante, elle se raccrocha vite à une espérance :

— Mais vous revenez à la fin de juillet ! Adrien y compte !

D’un coup de canne rageur, Renaud fouailla une inoffensive touffe de genêts.

— Adrien ! grommela-t-il. Toujours lui le premier dans vos pensées ! Que je parte ou que je reste, l’intérêt d’Adrien prime tout !