Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en le voyant se détourner, les yeux sombres, les traits rigides, et s’accusa de maladresse.

Adrien, frappant les touches, s’amusait à prolonger les vibrations grêles et chevrotantes.

— Ne croirait-on pas entendre une épinette ? Éclairé, le soir, par les bougies, je m’imagine être un ancien maître de chapelle du dix-huitième siècle… Haydn ou quelqu’un des Bach ! Les belles vies d’artistes, droites, simples, sans ambition, sans vaine gloriole et si fécondes !

— Beaux exemples à suivre ! fit M. Marcenat.

Mais visiblement distrait, il consultait sa montre et, alléguant l’heure, refusait de descendre au verger et brusquait les adieux. Si vivement il gagna le vestibule qu’il en ouvrit lui-même la porte, et se heurta presque à une très petite personne blonde, qui se préparait à tirer la poignée de fer de la sonnette.

L’avocat s’excusa d’un salut, et s’éloigna aussitôt, coupant court, d’un geste, aux derniers compliments du frère et de la sœur.

La nouvelle venue, plantée sur ses hauts talons, suivit M. Marcenat de son regard aigu.

— Peste ! vous recevez de belles visites !…

Et s’adressant à Estelle, d’un ton de reproche :

— Vous auriez pu me présenter, ma chère !…

Ceci dit, elle s’introduisit dans le couloir, en