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Un rapprochement se fit dans sa pensée. Autre fois, son cœur de vingt-cinq ans s’était laissé séduire par une délicate image modernisée de l’Antigone antique. La ravissante jeune fille blonde, penchée sur la chaise longue d’une mère souffrante, qui apparut à ses yeux charmés, dans le parc de Luchon ! Mais la période de deuil terminée, ses crêpes enlevés, Odette de Tintaniac, devenue Mme Vincent Marcenat, reprenait sa vraie nature, avide de bruit, de changement, de lumière. Comment retenir, derrière la vitre où il se fût brisé les ailes, ce papillon tourbillonnant qui ne vivait que pour briller et s’agiter !… Alors, Vincent, profondément blessé et déçu, avait ouvert la fenêtre…

Ainsi, tout à coup, en cet endroit où il se revoyait petit, rangeant des soldats de plomb sur le parquet, s’offrait à lui l’ensemble ramassé de sa vie entière. Et la nausée des amertumes subies lui étreignit soudain le cœur.

Estelle, en riant, deux doigts passés dans les manches minuscules, exhibait une brassière :

— C’est amusant de coudre ces choses mignonnes !

M. Marcenat ne répondit rien. Peut-être ces vêtements puérils le faisaient-ils songer au vide de sa demeure, privée d’enfants. Estelle y pensa,