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Ils traversèrent le large espace ensoleillé du champ de foire, dans la direction du vieux logis. De la porte voisine, Mme Adèle surgit, comme une boule qui s’échappe, bafouillante, larmoyante, et hilare, en reconnaissant son ancien maître.

— Ah ! Monsieur Vincent, on se languissait de vous ici ! Point de jour qu’on ne vous attendît ! Quels gentils voisins vous m’avez donnés là ! Cette jeunesse, ça rend de la vie à la maison qu’a l’air morte, à l’ordinaire, comme son défunt possesseur… En entendant le piano, je me crois revenue à vos vacances du temps de jadis !

Estelle, par les fenêtres ouvertes, avait saisi le bruit de voix et de pas. Elle apparut dans la baie de la porte, souriante et rose, comme illuminée par sa joie. Jamais M. Marcenat ne lui avait vu ce rayonnement de vie et de jeunesse. Il savait Mlle Gerfaux dévouée, intelligente et énergique. Il ne s’était jamais aperçu de sa grâce.

— Enfin, monsieur ! jeta-t-elle, elle aussi, dans un soupir d’aise.

Il fut touché de se voir si sincèrement désiré par ces amis modestes, en ce lieu où il ne se retrouvait jamais sans une petite émotion. Mme Adèle, entrée sur ses pas, s’évertuait aux réminiscences. Elle avait servi l’oncle Jacques, puis la gouvernante, l’imposante Léocadie, demeurée au décès