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et le frère : M. Marcenat, qu’ils étaient impatients de remercier de vive voix, n’avait pas encore paru à Lusignan, en dépit de ses promesses. Mais son domaine patrimonial, la Borde, dont l’exploitation agricole l’intéressait vivement, était situé dans les environs immédiats, sur les rives mêmes de la Vienne, à Marigny-Chémereau. Et cette circonstance donnait aux locataires occasionnels du conseiller général la certitude de le voir fréquemment.

Enfin un beau matin que Gerfaux, sifflant aux merles et sautillant sur sa meilleure jambe, débouchait d’un chemin creux sur la grande route, il aperçut une auto, immobilisée par une panne. Et dans le voyageur, descendu sur la berne et qui observait le chauffeur, aux prises avec le mécanisme, le jeune homme reconnut M. Marcenat. Il accéléra son allure et agita son chapeau comme pour un vivat.

— Ah ! Monsieur, vous voilà enfin !… Nous vous espérons depuis quinze jours…

L’avocat serra la main qui s’offrait.

— Excusez-moi ! Aujourd’hui, je ne fais que passer. Je vais conduire ma sœur à Niort.

Le cadre de la portière sertissait le profil, anguleux et sans grâce, d’une dame entre deux âges. Mme Dalyre, unique sœur et aînée de M. Marcenat, veuve d’un riche usinier de sardines, habitait les