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de soupirs haletants. Une surprise de l’heure, du printemps, une flambée de jeunesse ! Je loue Dieu qu’il n’ait pas eu de lendemain. Mais sans doute était-il nécessaire que je subisse ce déboire pour mieux apprendre la valeur du lot royal qui m’allait être adjugé. Car, dès ce temps-là, — avant même, — un autre sentiment me gouvernait, possédait sur moi un ascendant suprême ! Il existait un homme qui m’inspirait une confiance exclusive, fanatique, et dont l’approbation excitait mes meilleures énergies. Et celui-là, qui représentait pour moi le beau et le bien incarnés, a daigné me juger digne de devenir sa femme !…

Cette fois, elle céda à l’enveloppement des bras impérieux. Son front tomba sur la poitrine oppressée où le cœur de Vincent Marcenat battait un carillon triomphal.

— Chérie ! Je ne méritais pas !… Je n’étais qu’un misérable égoïste de t’enfermer ainsi dans mon malheur comme en une geôle, mon cher petit oiseau ! Pourtant, peut-être sans que je m’en fusse douté, y avait-il des raisons plus subtiles à mon choix… ces raisons que le cœur seul connaît… Ne serait-ce point que je t’aimais déjà, Estelle ?

— Et moi, fit-elle très bas, sous les baisers qui buvaient ses pleurs, du meilleur de moi, je t’ai toujours aimé… Ta pensée me donnait le désir