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combiné et lancé la lettre diffamante d’autrefois et le billet d’aujourd’hui.

Mais il tut cette conviction, trop passionnément intéressé à écouter pour interrompre d’une seule parole. Estelle suivait, sans se contraindre, l’élan de sincérité qui l’emportait. L’âme, soulevée par l’émotion, ramenait au jour les secrets longtemps enfouis.

— Rien ne doit plus rester nébuleux entre nous.

Et pressée d’en finir, elle rejetait, d’un coup, les pénibles souvenirs, racontait le bref enchantement, la rupture brutale, la désespérance, la longue léthargie de son cœur ensuite.

— Je ne croyais pas possible d’oublier, de me réveiller jamais à la vie. Quand vous m’avez appelée à vous, franchement je vous l’avouai… Et voilà que cet homme a pu me parler aujourd’hui sans que rien vibrât en moi. Le passé me laisse indifférente, parce que le présent m’absorbe toute, Oh ! Vincent, l’ignorez-vous ?…

Il adorait, en une muette contemplation, le doux visage frémissant, les yeux grands ouverts à son regard, d’où jaillissaient des flammes et des larmes. Ces larmes, il se pencha pour les recueillir. Mais Estelle résista au mouvement qui l’attirait. Il lui fallait parler encore, vider son cœur.

— Qu’était-ce que cet amour ? reprit-elle, brisée