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rait de mille impressions contrastées. Et palpiter, pleurer, accuser, s’attendrir, n’est-ce pas encore subir l’amour ?

Renaud, néanmoins, se contentait de rêver une pareille rencontre, sans la croire possible. Il n’avait ni la présomption ni l’audace de supposer que la jeune femme se prêterait à un rapprochement. Le billet lui assignant rendez-vous le confondit d’étonnement et de joie. Il accourut, effervescent, anxieux, pressé de vivre la scène pathétique, et aussi de se libérer d’un remords, sourd mais gênant.

Il s’attendait, tout d’abord, à une explosion passionnée, à des reproches et à des plaintes. Et il voyait une femme froide et distante qui, dans le désarroi même de l’alerte, ne manifestait ni colère ni rancœur. En cette brusque déception, Renaud désapprit les adjurations, les arguments préparés. Il dit, presque balbutiant :

— Je devrais me retirer… en m’excusant de mon intrusion. Cependant… Cependant…

Toujours debout, à trois pas de Jonchère, Mme Marcenat laissa tomber les yeux sur lui. Il ne put, sans émoi, joindre ce regard dont il avait bu naguère la douceur, avec tant d’ivresse.

— Laissez-moi vous le dire… J’ai imaginé, bien des fois, nous rencontrer ainsi, seul à seule. Alors, je me déchargeais du poids mort que je traîne…