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Mais songer à lui, c’était retrouver le calme et la force. Alors Estelle releva la tête. Le sourire bleu de la mer et du ciel la pénétra. Elle sentit en elle d’immenses aptitudes de bonheur.

Les enfants, sur la plage, couraient, turbulents, ivres d’une allégresse innocente de jeunes animaux. Clapotant dans l’écume du flux montant, édifiant des forteresses, creusant des tranchées, ces petits Gaulois parodiaient la guerre et défiaient l’Océan, avec des hurlements belliqueux, en agitant leurs petits drapeaux. Languissant et tranquille, le flot n’en continuait pas moins son rythme, roulant et déroulant ses volutes glauques traversées de soleil. L’eau, lentement, envahissait le sable, inondait les fossés, rongeait les bastions, abattait les remparts. Ce soir, la grève réapparaîtrait aplanie, sans garder aucun vestige de tous ces travaux puérils.

— Ainsi en va-t-il de nous, méditait Estelle. Nous avons beau lutter, peiner, nous cramponner à nos projets, à nos sentiments, à nos souvenances, essayer de résister au temps et aux faits ! La poussée impérieuse et souveraine du destin, commandé par Dieu, emporte nos êtres fragiles, efface ou modifie les empreintes que nous crûmes indestructibles.

Elle quitta le quai ensoleillé, prit la route qui montait vers le bois de pins, passa devant le petit