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lèrent pêle-mêle, et se rua vers la première fenêtre venue.

Par le quai de Franqueville, s’éloignaient le dôme de l’ombrelle brodée, la jupe rayée de bleu et de blanc, les petits souliers fauves et le sac de soie ramagée qui, seuls, signalaient la personne de Mme Marcenat. Et sur la plage, l’espionne distinguait, haute et dégagée, la silhouette de Renaud Jonchère, déambulant, à pas rêveurs, dans le sens opposé. Elle l’apostropha mentalement, dans le langage vert et imagé qu’elle réservait à ses soliloques.

— Quel nigaud ! C’est dans l’autre direction qu’il faut marcher, triple niais !

Mais elle avait beau concentrer toute sa faculté magnétique, Renaud demeurait rebelle au fluide. Alors Caroline eut une crise de frénésie. Laisserait-elle passer, sans les exploiter, des coïncidences si propices ? Son génie d’intrigue s’exalta, l’enlevant, dans une violente inspiration, au-dessus des restrictions timorées et des considérations prudentes.

À l’angle de la maison, une gamine à jupe effilochée, la fille de la blanchisseuse, sautait, pieds nus, dans la poussière. Mlle Laguépie, en un clin d’œil, bâtit son plan. Le temps s’écoulait : il importait d’agir lestement, sans se perdre en si et en mais. Arrachant un feuillet de son calepin de comptes,