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— heureux jusqu’à en pleurer — à entendre le bruit rythmique de leurs pas, à recevoir, sur leurs visages, le souffle frais de la brise, à contempler ensemble le ciel, tendu d’or et de pourpre comme un magnifique velum, au-dessus de la ville derrière laquelle se couchait le soleil.

— C’est l’heure de beauté pour les Sables, disait Vincent. Je ne manquais jamais de l’admirer autrefois… Et j’en retrouve le spectacle avec plaisir.

Les maisons, les hôtels, alignés en amphithéâtre jusqu’au Casino, la masse confuse de la ville, agglomérée entre la mer et le port, s’enlevaient en découpures violettes sur les claires phosphorescences du ciel. Au large et vers la Chaume, les phares clignotaient en étoiles intermittentes. Les réverbères, les girandoles dessinaient la courbe magnifique du Remblai par des guirlandes de lumière.

La féerie de ce beau soir attirait les flâneurs. En vacances, on a le temps de prêter attention à la nature. Cependant, peut-être étaient-ils encore plus curieux de s’examiner les uns les autres, ces gens, assis sur les bancs ou adossés aux parapets, — filles des Sables, pimpantes et moqueuses, pêcheurs en tricots bleus, goguenards et sournois, étrangers désœuvrés ? On guettait les jolis visages,