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roches de la Tanchette, les vagues puissantes, accourant du large où glissaient quelques voiles ocrées ou rousses. Mais, avec son outrance coutumière, il exécra et insulta, en même temps, ce qui déshonorait, à son sens, ce tableau marin : les tentes pavoisées, qui couvraient la plage ; la foule, grouillant sur le quai.

— Quelle vue ! Ça vous élargit l’âme, cet infini qui vous entre dans les yeux ! Mais que les marionnettes humaines paraissent donc chétives, et quand même encombrantes, au premier plan de cette immensité !

— Chut ! fit en riant M. Marcenat. Ces marionnettes sont pourvues d’oreilles — heureusement pour les musiciens ! Quand elles vous applaudiront, vous ne les jugerez plus si importunes.

— Et si tu abaisses ton regard vers les passants, dit Estelle malicieuse, les grâces des jolies Sablaises auront vite fait de te réconcilier avec l’humanité.

Elle désignait trois belles filles qui circulaient, avec une aisance désinvolte, parmi les promeneurs, l’œil hardi, la mine haute, barbes de dentelle au vent, jupe courte aux amples plis ondulant sur les hanches, et petits sabots claquants.

— Elles sont, en effet, diablement piquantes, accorda Gerfaux. Et le costume est seyant et original.