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frayée, prévoyant déjà les pires conséquences, le naufrage de la pensée, le déséquilibre mental.

— Oui ! répéta la voix, plus sombre, c’est grave. Le cerveau, c’est le point vital pour nous autres artistes… Adrien se surmène outre mesure. J’avais déjà remarqué, en lui, de l’irritabilité, des absences… Il se plaignait de vertiges, de bourdonnements d’oreille… Bref, ce matin, syncope de deux heures, qui nous a épouvantés. Alors, je vous ai prévenue.

— Que dois-je faire ? fit-elle avec angoisse. Que conseille le médecin ?

— Le docteur ordonne le changement d’air, le repos immédiat. Venez d’abord vers lui, mademoiselle. Votre vue seule lui sera bienfaisante. Puis, vous le persuaderez de retourner en province, pour un temps, avec vous. La campagne, l’ambiance calme, voilà ce qui doit le rétablir…

Estelle répéta tout bas, d’un air éperdu :

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Puis elle prononça, avec la décision désespérée de quelqu’un qui saute par la fenêtre, dans un incendie :

— Je serai demain à Paris ! Et je ferai pour le mieux ! Merci, monsieur, pour l’intérêt que vous montrez à mon frère.

La voix jeune et vibrante s’abaissa d’un ton :