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— Je vous l’avais bien prédit ! glissa-t-elle tout bas à Mme Marcenat. Je suis sûre que vous rapportez du bonheur.

« Du bonheur. » Ce mot, s’enfonçant dans l’esprit d’Estelle, y provoqua les larges ondes d’une rame qui plonge dans une eau dormante. La jeune femme s’interrogea avec étonnement. C’était vrai qu’elle se voyait plus forte et plus tranquille qu’au départ, prête à s’adapter aux conditions nouvelles de sa vie. Si elle était pleinement satisfaite, dès qu’elle se rendait utile et bienfaisante à celui qui se confiait à elle, pouvait-on appeler « bonheur » cette sensation vivifiante ? Peut-être.

En tout cas, ce fut avec sérénité qu’elle entra, son bras enlacé par celui de Vincent Marcenat, dans la demeure où l’attendait l’avenir.

Tout de suite elle remarqua, attendrie, les multiples soins déployés pour lui rendre le logis hospitalier et attrayant.

Les domestiques, attachés depuis longtemps au maître intègre et indulgent, habitués à un service affable, avaient été préparés à la sympathie envers la nouvelle maîtresse dont on leur avait dit la bonté. Les choses mêmes s’étaient modifiées, par des touches discrètes. Le grand salon, débarrassé d’une foule de babioles incongrues et de bibelots de pacotille, caprices d’une mode d’un jour, pré-