Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Dio, che temporale ! gémissait, le matin suivant, la cameriera qui apportait le thé, dans la chambre de Mme Marcenat.

La pluie noyait les perspectives enchanteresses. Venise s’évanouissait, dans ce déluge, comme une aquarelle trop lavée.

Estelle profita de la réclusion qui s’imposait pour mettre au point sa chronique de voyage et sa correspondance. Un détail l’arrêta, au cours de sa relation privée et de sa lettre à Monique. Les coudes sur la table, les mains jointes sous le menton, elle réfléchit, les yeux mi-clos :

— C’est vrai. Je ne sais comment nommer M. Marcenat. Si je devais l’appeler dans la rue, comment dirais-je ?… Monsieur ? Ce serait ridicule… Vincent ?… Je n’oserais… Et pourtant, il est très doux, ce nom de Vincent, très simple… joli à dire même… Plus tard, peut-être…

La rose de Vénus, desséchée déjà, reposait près de son buvard. Estelle la porta vers son visage, en respira, rêveuse, l’arome pénétrant :

Felice amore ! Qu’elle a bien dit cela ! Et que ces mots ont d’éloquence en cette langue mélodieuse !

Brusquement, elle remit la fleur sur la table, passa la main sur son front, dans un geste impatient, et reprit sa plume.

Dans le fumoir voisin du salon, M. Marcenat