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À cette remarque d’Estelle, Vincent Marcenat avait répondu :

— Mais vous marchez vous-même avec cette légèreté ailée. Et drapée dans un de ces châles à franges, vous auriez tout à fait la tournure d’une Vénitienne.

Elle resta stupide et se sentit rougir. Jamais, tant avant qu’après leur mariage, M. Marcenat ne lui avait adressé un compliment de ce genre.

L’étonnement de se trouver côte à côte, si fort et si paralysant, au départ de ce pèlerinage artistique, s’était peu à peu émoussé. L’amusement des tableaux sans cesse renouvelés, l’imprévu des menus épisodes, les anima insensiblement. Le contact étranger les rapprocha l’un de l’autre.

Estelle, craintive d’abord, s’aperçut du plaisir que M. Marcenat éprouvait à l’entendre exprimer ses étonnements. C’était, en effet, avec une certaine stupeur que la petite Poitevine, qui ne connaissait, au delà des vieux clochers de son pays, que Paris et l’Auvergne, se voyait projetée, par le rapide, en face de spectacles dépassant tout ce que sa pensée avait pu concevoir.

Bâle, mirant ses toits rouges, ses pignons archaïques, sa gothique cathédrale, ses ponts anciens, dans le Rhin vert ; Lucerne, radieuse au fond de son lac légendaire, entre l’agreste Righi et le sombre