Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et il prétend qu’il n’est pas amoureux ? Allons donc ! Il en est toqué ! Elle l’affole avec ses regards de biche blessée ! Et les égards chevaleresques dont il l’entoure ! Ne croirait-on pas qu’elle est née d’un prince régnant ?… Stupidité !… Que les hommes sont donc niais, sots, absurdes !

Mlle Caroline rentrait à cette minute. Fixée dans la maison depuis peu, elle disparaissait du salon, dès l’arrivée d’Estelle Gerfaux et de M. Marcenat, afin de les laisser en intimité avec Mme Dalyre. Dieu — et surtout le diable — savaient quelles fureurs grondaient en son sein, tandis qu’elle guettait le départ des fiancés, pour reprendre son poste.

Ouvrant la porte sans bruit et se glissant à pas de chat, elle put entendre quelques-unes des invectives, grommelées à demi-voix par la veuve. Et son âme ulcérée fut rafraîchie d’un plaisir vif et pur.

Enfin, cette femme impénétrable se laissait deviner ! Elle blâmait son frère. Elle envisageait ce mariage avec répulsion. Ah ! si Caroline avait su le deviner plus tôt !

Impossible d’exploiter actuellement sa découverte. Mme Dalyre donnait trop peu de prise à la familiarité pour que la demoiselle de compagnie osât déjà s’immiscer dans une question si délicate. La lettre anonyme, lancée vers M. Marcenat, vingt jours auparavant, lui imposait, d’ailleurs, la pru-