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porter à la connaissance de M. Marcenat ?… Une lettre anonyme ?… Aurait-elle quelque prise sur un homme de cette trempe ?… Une dénonciation, en termes vagues, resterait sans effet. D’autre part, fournir des détails trop précis équivalait à livrer sa signature — l’idylle éphémère de Lusignan étant restée strictement secrète.

Estelle, ainsi attaquée, trouverait quelque défense. Et Caroline, découverte, risquait de perdre sa position chez Mme Dalyre. On pouvait supposer que celle-ci acceptait sans allégresse les faits nouveaux. Mais Mlle Laguépie ne connaissait pas encore suffisamment les ressorts de ce caractère pour oser en jouer.

Écumante de haine, Caroline dut s’avouer qu’elle manquait d’armes pour une action décisive. Mais il était au-dessus de ses forces de laisser les événements s’accomplir sans essayer de s’y ingérer. Du moins se donnerait-elle la satisfaction d’être malfaisante à Estelle et de troubler l’amoureux fiancé. En conséquence de ces réflexions, elle s’amusa patiemment à cette sorte de puzzle qui consiste à découper des mots imprimés et à les coller de façon à former des phrases. Le tout composa une missive, assaisonnée de perfidie, et signée : « Un ami attristé, » que la poste remit à l’adresse de M. Marcenat.