des deux mains appuyée à la table, se penchait vers lui :
— Je voudrais te parler, frère.
Il prévit des questions d’économie domestique, aboutissant à une demande de subsides, et grommela, impatient :
— Fais vite, ma grande. J’ai à travailler.
— C’est que… le motif qui me presse est important… pour moi… du moins… Il s’agit d’un mariage.
L’artiste se redressa, surpris.
— Un mariage, vraiment ?… Tiens ! tiens ! Voilà de l’imprévu !
— Oh ! bien imprévu, en effet… C’est M. Marcenat qui m’a adressé cette proposition… et je l’ai acceptée…
— M. Marcenat ?… Et de quelle part ?
— Mais… de la sienne… fit Estelle, avec un demi-sourire.
Adrien bondit sur son siège et lâcha l’onoto qui roula sur le papier en traçant des zigzags noirs.
— M. Marcenat, pas possible ?
Il regardait sa sœur avec autant d’émerveillement que si elle eût été promue reine de Saba. Le charme fin, la tendre grâce de cette figure, trop familière à ses yeux pour qu’il la connût bien, le frappèrent tout à coup. Il se rappela, en même