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— Quelle que soit votre réponse, ne la faites pas attendre !

Elle s’imagina le malaise de M. Marcenat après sa confession. Puisqu’il plaçait sur elle, Estelle Gerfaux, un si grand espoir, c’était dans l’angoisse qu’il passait ces heures d’incertitude ! Cette idée la remplit de pitié et de confusion. Elle eut remords des tourments dont elle se savait la cause, et fut impatiente de les abréger.

Comme elle plaçait son chapeau, debout devant la glace, sa propre image l’agita d’une impression bizarre. Il lui sembla n’avoir jamais vu, auparavant, ce visage, clair de jeunesse entre les ondes foncées des riches bandeaux, ce col flexible, ces épaules tombantes. Son regard suivit les contours de l’ovale allongé, de la bouche souple et expressive, scruta les prunelles profondes aux reflets de ciel, d’eau et de nuages.

Estelle était de ces femmes, plus nombreuses qu’on ne l’admet, qui, parfaitement simples, malhabiles à se mettre en valeur, connaissent à peine leur propre grâce. Cependant, à cette minute, un sentiment bien féminin l’humilia. Il lui fut pénible de penser que ces charmes extérieurs, si faibles qu’elle les estimât, avaient été impuissants à retenir l’amour, et comptaient pour rien dans le choix qui se fixait sur elle.