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reconnaissance de leur nièce. N’avaient-ils pas évité la faillite à son père, le grand bâtisseur et maître de carrières de Chauvigny, entraîné à la ruine par de trop vastes entreprises ? Et ensuite, à la mort du vaincu, ne donnèrent-ils pas l’asile de leur propre toit à la veuve et à l’orpheline ? Qui donc eût fait mieux ?

Mais que de mauvaise grâce en ces bienfaits ! Que d’aigres ferments dans le pain offert ! Racornis par l’égoïsme, ne s’intéressant guère qu’aux fluctuations de la Bourse et à leurs régimes de santé, l’ex-principal du Trésor et sa digne moitié étaient, nonobstant, travaillés d’une ambition posthume. Ils souhaitaient que leur souvenir fût honoré de leurs concitoyens, et, pour cela, entendaient léguer la majeure partie de leur fortune à la municipalité de Poitiers. En retour, le nom de Busset serait certainement décerné à une rue, et leurs effigies recueillies au Musée.

Ainsi soulevés par ce désir de gloire, ces deux médiocres, avec un grand souci de décorum et de correction, vivaient piètrement, afin de rendre le don plus magnifique.

Dans ces conditions, leur générosité envers leurs parents malchanceux fut aussi restreinte que contrainte. Estelle, à grand’peine, supportait l’humiliation de cette hospitalité hargneuse. Mais sa