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date indiquée. Et, ponctuelle, vers dix heures du matin, elle se présentait à l’hôtel de la rue du Pont-Neuf.

Elle se rappela en quelles circonstances cette grille s’était ouverte devant elle, une seule fois. Alors, la sœur d’Adrien venait chercher, au téléphone, des nouvelles de son frère. Deux ans déjà ! Et que de bouleversements depuis !

Mme Marcenat, entrevue à cet instant, et dont la voix vrillante, les ordres impérieux révolutionnaient la maison entière, se taisait maintenant, pour toujours. Et muette aussi, comme si la mort l’eût éteinte, cette autre voix, jeune et ardente, dont Estelle avait écouté, en cette même heure, avec tant d’émoi, les lointains accents !

Dès le seuil, sans pouvoir s’en défendre, la jeune fille se trouva ainsi rejetée en plein passé. Et elle s’abîma en de troubles rêveries, pendant la morne langueur de l’attente, dans le petit salon où patientaient déjà plusieurs clients de l’avocat.

Ces réminiscences tristes ébranlaient son optimisme. L’avenir lui parut moins sûr ; moins certaines aussi, son énergie et sa constance. Et ce fut inquiète et oppressée qu’Estelle parvint, à son tour, dans le cabinet du maître.