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l’amenaient ! Un point de dentelle à apprendre avec Mlle Estelle, si habile ! Un conseil à demander à M. Adrien, au sujet d’une sonate ! Ou bien de gentils messages : une gerbe de fleurs, cueillie le long des haies ; quelques poires dorées, orgueil du verger, que le curé envoyait à ses ouailles de passage.

Les familiarités de Gaby entraînaient l’un vers l’autre les deux groupes. Les visites au presbytère se firent presque quotidiennes. Puis on se rencontra à la promenade, dans les bois, sur les petites routes, margées de vert… On causait quelques minutes, et parfois on suivait de compagnie le chemin.

Alors Monique, très réservée, restait à côté de sa mère ou de Mlle Gerfaux. Mais l’excès même de cette retenue était un aveu, précisé par les regards furtifs, les rougeurs, les trémolos des voix émues.

Et au voisinage de ces amoureux craintifs, mais quand même éloquents, l’âme blessée d’Estelle se repliait, frémissante. Cruel revirement ! L’an dernier, ces mêmes sentiers avaient vu passer la jeune fille, penchée vers l’élu, radieuse d’espoir. Son frère se croyait alors déshérité de l’amour. Et aujourd’hui, le destin ironique comblait Adrien de la félicité dont sa sœur était frustrée !