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qu’il eût le loisir des nostalgies. Il se passionnait pour ses orgues et leur consacrait toute sa ferveur d’artiste. Puis chaque jour, Adrien s’étonnait de découvrir tant de sujets inédits d’intérêt et d’activité dans cette existence provinciale qu’il avait jugée monotone et stagnante. En regard des Busset ou des Homais, inutiles péroreurs et sots qui foisonnent partout, combien d’hommes de valeur, qui dépensaient sur le terroir natal un talent réel, une science consommée — M. Bauffremont, M. Marcenat — et tant d’autres — inconnus hier, amis aujourd’hui — dont les aperçus originaux, la forte pensée le surprenaient ! Non, la province travailleuse et réfléchie ne méritait pas l’ingrat dédain de la capitale, qui se nourrit d’ailleurs de sa sève.

Après sa tournée quotidienne sur la place d’Armes, aux heures où Tout-Poitiers déambule et cause sur ce petit Forum, Adrien revenait vibrant des idées agitées là, enthousiasmé de neuves espérances. Et six mois s’étaient écoulés ainsi, rapides et pleins. Il semblait qu’une force occulte progressât journellement chez le jeune homme, stimulant une recrudescence de vitalité physique et un élan de volonté joyeuse.

Estelle ne l’ignorait pas, le nom de cette force féconde, qui s’était, hélas ! retirée d’elle-même !