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étaient vraiment gentils de faire bon accueil à son protégé.

— N’est-ce pas que j’ai eu la main heureuse en dénichant ce petit artiste ?… Attention ! Je suis du prochain numéro. Je cours m’habiller.

Souple dans l’étroite tunique de crêpe vert d’eau qui la modelait comme une draperie humide, la jeune femme grimpa en courant l’escalier fleuri et gagna son cabinet de toilette. Vite installée devant sa psyché, servie par une adroite et prompte camériste, Mme Marcenat se mit en devoir de préparer « sa tête », avec le soin d’une comédienne professionnelle. Tout en tripotant avec dextérité les pommades, les flacons, les tubes et les poudres, Odette adressait une grimace à son miroir. N’était-il pas exaspérant de voir persister, malgré les mixtures, les panacées, les laits de beauté, ces diaboliques boutons qui marbraient son teint et l’obligeaient à garder une épaisse couche de fard, au risque d’achever le désastre !

Après tout, cette peinturlure blanche et rose, franchement étalée, ne manquait ni de piquant, ni de charme. Ainsi Odette ressemblait-elle mieux encore à ces pimpantes marquises de Fragonard ou de Lancret auxquelles on l’avait si souvent comparée. Et sous ce frais badigeonnage, la vie restait possible, la vie telle qu’elle la concevait,