Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certes bien séduisante ! dit Gerfaux, vivement tenté.

M. Marcenat lui posa amicalement la main sur l’épaule.

— Je voudrais vous séduire bien davantage, tellement que vous ne songiez plus à nous quitter ! Ne sursautez pas, et laissez-moi m’expliquer ! Je crois fermement à la moralisation par le beau. Élever les âmes des humbles, les initier aux nobles jouissances des arts, c’est leur inspirer, en même temps, les dégoûts des plaisirs vulgaires et les arracher aux mœurs brutales ou triviales. La musique, mieux qu’aucun art, peut servir à la récréation et à l’éducation du peuple. Ce qu’un esprit courageux et ardent a pu faire chez nos voisins de l’Anjou, en répandant si bien le goût et le culte de la musique qu’une population entière, aujourd’hui, est capable d’apprécier les chefs-d’œuvre des maîtres, je rêve de le voir tenter parmi nous. Quelque chose me dit que vous pourriez devenir l’apôtre de cette mission.

— Vous avez trop bonne opinion de moi, monsieur, commença Gerfaux, intéressé et incertain. La tâche est belle, mais demande des forces et des aptitudes dont je ne me crois pas pourvu. J’y serais insuffisant.

L’avocat l’interrompit :