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disparu, la gloire du soldat tombé dans la bataille. Si Serge, trop tôt, devait disparaître du monde, que n’avait-il été frappé en pleine action héroïque, victime précieuse dans l’holocauste de la victoire ? Comblé de toutes les vertus chevaleresques, il lui avait fallu périr obscurément. Sa mémoire resterait privée de l’auréole. Tout bas, la veuve s’en plaignait à Dieu ! Et elle prenait ombrage des honneurs qui échappaient au mort !

Ainsi, à peine lui fut-il possible de féliciter Armand Fabert quand, à la fin de 1915, celui-ci, un bras en écharpe, un mince ruban rouge au revers du veston, reprit la direction de l’usine, consacrée désormais aux travaux de la défense nationale. Jour et nuit, la grande cheminée haletait, les marteaux résonnaient pour forger les engins de la résistance. Et réglant l’effort des ouvriers des deux sexes, l’ingénieur, plus concentré et plus tendu que jamais, se dépensait dans une activité incessante qui accentua encore sa maigreur et mit un reflet d’argent à ses tempes brunes.

Mme Guérard se trouvait elle-même emportée par l’impétueux courant. Journellement elle était amenée à conférer avec son collabo-