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LXIII

SOUS LA PLUIE

Il y a pourtant assez de maux réels ; cela n’empêche pas que les gens y ajoutent, par une sorte d’entraînement de l’imagination. Vous rencontrez tous les jours un homme au moins qui se plaindra du métier qu’il fait, et ses discours vous paraîtront toujours assez forts, car il y a à dire sur tout, et rien n’est parfait.

Vous, professeur, vous avez, dites-vous, à instruire de jeunes brutes qui ne savent rien et qui ne s’intéressent à rien ; vous, ingénieur, vous êtes plongé dans un océan de paperasses ; vous, avocat, vous plaidez devant des juges qui digèrent en somnolant au lieu de vous écouter. Ce que vous dites est sans doute vrai, et je le prends pour tel ; ces choses-là sont toujours assez vraies pour qu’on puisse les dire. Si avec cela vous avez un mauvais estomac, ou des chaussures qui prennent l’eau, je vous comprends très bien ; voilà de quoi maudire la vie, les hommes, et même Dieu, si vous croyez qu’il existe.

Cependant, remarquez une chose, c’est que cela est sans fin, et que tristesse engendre tristesse. Car,