Page:Aix - Histoire des Croisades, tome 1.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
histoire des croisades ; liv. ii.

moins de sujet de satisfaction et de beaux présens de l’empereur. En étant parti au bout de quelques jours, il descendit vers la belle ville de Philippopolis et y demeura pendant huit jours, comblé de même des dons de l’empereur et trouvant avec profusion toutes les choses nécessaires. Ce fut là qu’il reçut la nouvelle que l’empereur retenait en prison et dans les fers Hugues-le-Grand, frère du roi de France, Dreux et Clairambault.

Aussitôt le duc adressa un message a l’empereur pour lui demander de rendre à la liberté les princes de son pays qu’il retenait captifs, sans quoi lui-même ne pourrait lui conserver son amitié et sa fidélité. Baudouin, comte de Hainaut, et Henri de Hache, informés du message que le duc expédiait à l’empereur, partirent au point du jour et à l’insu du duc pour Constantinople, afin d’arriver eux-mêmes avant les députés et de recevoir de l’empereur des présens plus considérables. Le duc, lorsqu'il en fut instruit, éprouva une vive colère ; il dissimula cependant et se rendit à Andrinople ; il y fit dresser ses tentes et y passa la nuit, après avoir traversé un certain fleuve en poussant les chevaux a la nage. Les habitans lui fermèrent ensuite, ainsi qu’à tous les siens, le passage d’un pont établi sur ce fleuve au milieu même de la ville. Ils partirent de là et se rendirent à Sélybrie, ou ils dressèrent leurs tentes au milieu de belles et agréables prairies. Les députés du duc auprès de l’empereur revinrent alors et rapportèrent que l’empereur n’avait point rendu les princes captifs. Alors le duc et ses compagnons, transportés de colère, ne voulurent plus demeurer fidèles au traité de paix ; et en vertu des