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albert d'aix.

parts ; les flèches, les épées et les lances furent tour a tour employées. Mais comme les Bulgares s’étaient empares à l’avance du gué et du pont, les pèlerins se trouvèrent dans l’impossibilité de passer et furent enfin forcés de fuir. Pierre, voyant les siens battus et mis en fuite, envoya en députation, au duc Nicétas, un certain Bulgare qui avait résolu de faire le saint voyage de Jérusalem, afin qu’il daignât lui accorder un moment d’entretien, et que l’un et l’autre pussent s’entendre pour conclure la paix au nom du Seigneur ; et cela fut fait.

Ces propositions étant connues du peuple de Pierre, et le tumulte étant apaisé, en attendant que la concorde fut entièrement rétablie, les gens de pied, race rebelle et incorrigible, reprenant et rechargeant les chars et les chariots, se remirent en route. En vain Pierre, Foucher, Renaud le leur défendaient jusqu’à ce que l’on pût savoir si l’entretien sollicité ramènerait la concorde ; ils ne purent détourner ces insensés et ces rebelles de l’exécution de leur entreprise. Les citoyens cependant voyant Pierre et les principaux qui cherchaient à mettre obstacle au départ et à retenir les chars et les chariots, crurent qu’ils s’entendaient avec le peuple pour préparer la fuite. C’est pourquoi, sortant par une porte de la ville avec les chevaliers du duc, ils les poursuivirent en force ; et, sur un espace de deux milles, ils tuèrent beaucoup de monde et firent beaucoup de prisonniers parmi ceux qui marchaient le plus lentement. Le chariot qui portait le coffre de Pierre, rempli d’une quantité prodigieuse d’or et d’argent, fut arrêté ; on prit le coffre, on le porta à Nissa en y ramenant les prisonniers, et