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albert d'aix.

d’horribles blessures, et que le courant du Danube transporta à Belgrade où le fleuve poursuit son cours, après avoir fait un circuit à un mille de Malaville. Le duc convoqua tous les siens et tint conseil avec eux; mais, frappé de terreur, il se refusa à attendre Pierre dans Belgrade et fit ses dispositions pour se retirer à Nissa, dans l’espoir de pouvoir mieux s’y défendre contre les forces des Français, Romains et Teutons, parce que cette ville était entourée de murailles très-solides. Il emporta avec lui tous les trésors qui étaient dans Belgrade. Il fit partir ses concitoyens et les envoya dans les forêts, sur les montagnes et dans les lieux inhabités avec tous leurs troupeaux, pour se donner le temps d’appeler l’empereur de Constantinople à son secours et se mettre en mesure de résister aux compagnons d’armes de l’Ermite, et de venger les Hongrois, par suite du traité d’amitié et d’alliance qui l’unissait avec Guz, comte et prince de Malaville. Six jours après, Pierre reçut un exprès qui lui était envoyé en toute hâte par des Français étrangers, et habitant dans le pays; il lui apportait l’avis des dangers qui le menaçaient, et lui dit : « Le roi de Hongrie a rassemblé toute l’armée de son royaume ; il va descendre vers vous pour venger les siens, et il est certain qu’aucun d'entre vous ne doit échapper à ses armes, car le roi, tous les parens et les amis de ceux qui ont été tués sont remplis de douleur et gémissent de tant de massacres ; c’est pourquoi hâtez-vous de traverser le fleuve de Méroé et poursuivez rapidement votre marche. » En apprenant la colère du roi et la réunion de cette grande armée, Pierre et ses compagnons quittèrent aussitôt Malaville,