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histoire des croisades ; liv. i.

trouve là par hasard et s’élance aussitôt sur la muraille. Renaud de Bréis, illustre chevalier, la tête couverte d’un casque et revêtu d’une cuirasse, monte après Godefroi sur le rempart, et, dans le même temps, tous les cavaliers et les gens de pied font les plus grands efforts pour entrer dans la place. Se voyant serrés de près et en grand danger, les Hongrois se réunissent au nombre de sept mille hommes pour se défendre; et, sortant par une autre porte de la ville qui fait face à l’orient, ils se rendent et s’arrêtent sur le sommet d’un rocher escarpé, au pied duquel coule le Danube, et qui forme une position inaccessible de ce côté. La plupart d’entre eux cependant n’ayant pu se sauver assez vite, à cause des étroites dimensions de la porte, succombèrent sous le glaive auprès même de cette porte; d’autres, qui espéraient se sauver en parvenant sur le sommet de la montagne, furent mis à mort par les pélerins qui les poursuivaient; d’autres encore, précipités de ces hauteurs, se noyèrent dans les eaux du Danube; mais un plus grand nombre se sauva en traversant le fleuve en bateau. On tua environ quatre mille Hongrois dans cette affaire; les pélerins perdirent cent hommes seulement, non compris les blessés. Après avoir obtenu cette victoire, Pierre et tous les siens demeurèrent pendant cinq jours à Malaville, à cause de la grande quantité de provisions qu’ils y trouvèrent, en grains, en troupeaux de gros et menu bétail et en boissons; ils prirent aussi un nombre infini de chevaux.

Cette victoire des pélerins, ce massacre des Hongrois, furent annoncés au duc Nicétas par les nombreux cadavres que le fer avait mutilés et couverts