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albert d’aix.

Ainsi se forma dans ce très-vaste royaume une sainte conspiration pour ce voyage. Les hommes les plus puissans se donnèrent la main et se liguèrent tous ensemble. Cette alliance fut confirmée par un grand tremblement de terre, qui n’annonçait autre chose que le départ des légions de divers royaumes, savoir, du royaume de France, de la terre de Lorraine, du pays des Teutons, des Anglais et des Danois.

(1095) L’an mil quatre-vingt-quinze de l’Incarnation du Seigneur, et le huitième jour du mois de mars, dans la quarante-troisième année du règne du roi Henri IV, troisième empereur des Romains (du même nom), depuis treize ans, Urbain second (antérieurement Odoard) occupant le siège apostolique, Gautier, surnommé Sans-Avoir, chevalier illustre, suivi d’un grand nombre de Français marchant à pied, et n’ayant avec lui que huit chevaliers, cédant aux exhortations de Pierre l’Ermite, entra le premier dans le royaume de Hongrie pour diriger ses pas vers Jérusalem. Le seigneur Coloman, roi très-chrétien des Hongrois, instruit de ses résolutions courageuses et des motifs de son entreprise, l’accueillit avec bonté, lui accorda la faculté de passer en paix sur toutes les terres de son royaume et d’y faire des achats. Il marcha en effet sans faire aucun dégât et sans aucun accident jusqu’à Belgrade, ville de Bulgarie, ayant passé à Malaville[1], ville située sur les confins du royaume de Hongrie. Là il traversa en bateau et en parfaite tranquillité le fleuve de Méroé[2] ; mais seize de ses hommes s’étaient arrêtés dans ce même lieu de Malaville pour y

  1. Semlin
  2. La Morawa