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les drames du nouveau-monde

Plusieurs raisons avaient déterminé les Shawnees à la placer dans cette demeure. D’abord, ils avaient songé à adoucir un peu le sort de leur prisonnière ; la Squaw avait appris de son mari quelques bribes d’anglais, il lui était possible de causer un peu avec miss Mary ; et, si peu agréable que fut sa société, elle valait encore mieux que celle des autres femmes de la tribu, qui ne connaissaient absolument que leur idiome.

Probablement les sauvages n’avaient aucune idée arrêtée sur la jeune fille : ils la gardaient chez eux, à peu près comme on conserve un joli oiseau en cage, sans avoir contre elle des projets violents. Néanmoins, si elle avait fait la moindre tentative d’évasion, ils l’auraient tuée sans miséricorde ; la fuite d’un prisonnier étant considérée comme le plus grand affront qui puisse être reproché à un Shawnee.

La redoutable Keewaygooshturkumkankingewock était sauvage jusqu’au bout des ongles, et on la savait incapable de se rendre complice d’une évasion. Quant à son mari, sa stupidité et sa somnolence le mettaient à l’abri de tout soupçon.