Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, je connais la condition ; on me laisse libre d’aller partout, excepté dans le seul pays où je voudrais demeurer.

— C’est cela même ; la France et l’Espagne vous sont surtout interdites ; il vous est même enjoint de quitter l’Espagne sous quinze jours au plus tard.

— Enjoint ! fit-il avec un tressaillement nerveux, en fronçant les sourcils.

— C’est écrit en toutes lettres ; mais que cela ne vous inquiète pas ; si vous avez besoin d’une quinzaine de plus…

— J’en ai besoin, mon ami ; je veux aller à Madrid.

— Soit, je fermerai les yeux mais pas de folies ?

— Je vous le promets.

— Vous savez que vous êtes surveillé ?

— Oui, et de très-près même je m’en suis aperçu plusieurs fois, dans des pays pourtant bien éloignés les uns des autres ; je veillerai.

— Je suis tranquille, j’ai votre parole.

— Ce qui me tourmente, c’est que cette lettre vous est parvenue trop tard pour que vous ayez eu le temps de faire ce que je vous demandais.

— Erreur, mon ami, tout est prêt ; je n’ai pas attendu la lettre. N’avais-je pas la vôtre ?

— Mais cependant si ce crédit n’était pas arrivé ?

– Eh bien après ? J’aurais perdu une centaine de mille francs ; la belle affaire ! après ce que vous avez fait pour moi et les miens !

— Don Jose, je vous prie…

— Eh ! mon ami s’écria-t-il avec une géné-