Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais oui ; je me suis trouvé plusieurs fois en rapport avec lui ; j’étais le patron de son canot.

— Ah ! diable !

— Laissez-moi faire, c’est une épreuve que je désire tenter.

Tout en parlant, Olivier s’approcha d’une glace, et, pendant deux ou trois minutes, il sembla se regarder avec une certaine affectation, tout en portant à diverses reprises sa main droite à son visage ; de la main gauche il tenait un mignon flacon de cristal taillé.

M. Maraval lui tournait le dos ; tout ce manège lui échappait.

— Hum ! c’est scabreux, mon ami, vous le savez, si bien qu’on se déguise, il est impossible de changer son regard.

— Vous croyez ? répondit-il sans se retourner.

— On me l’a assuré, mon cher Olivier. Ainsi, prenez garde du reste, il vous est facile d’éviter ce danger : je dirai que vous n’êtes pas venu, voilà tout.

— Bah ! vous savez bien que je ne recule jamais, répondit-il en revenant s’asseoir ; regardez-moi attentivement.

— Quel est ce caprice ?

— Regardez-moi les yeux surtout, je vous prie.

Don Jose le fixa pendant une seconde, puis il se pencha en avant et l’examina avec la plus minutieuse attention.

— C’est prodigieux ! dit-il enfin il y a dans votre physionomie quelque chose qui, tout à l’heure, n’y était pas ; votre regard n’est plus le même.