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les plus gros banquiers de la ville habitent calle San-Fernando.

— Je vais précisément chez un banquier, reprit le marin d’un ton de bonne humeur.

— Vous le nommez ?

— C’est un banquier français ; le chef de la grande maison Maraval-Fleury et fils.

— Vous connaissez don Jose Maraval ? s’écria le patron en s’arrêtant tout net au milieu de la rue.

Tout en causant ainsi, les deux hommes s’étaient enfoncés dans le cœur de la ville, les rues et les places ruisselaient de lumière ; toutes les boutiques étaient encore ouvertes.

Une foule de promeneurs des deux sexes allaient et venaient dans tous les sens, riant et causant avec cette animation et cette volubilité particulières à la race andalouse.

Les Andalous sont les Gascons de l’Espagne.

– Je suis intimement lié avec don Jose Maraval, répondit don Carlos ; j’ai rendez-vous avec lui à onze heures et demie.

– La demie après dix heures vient de sonner à la cathédrale, dit gaiement le patron, nous avons le temps. Cristo santo ! caballero, si vous possédez beaucoup d’amis comme don Jose Maraval, vous n’êtes pas à plaindre : on prétend qu’il est plusieurs fois millionnaire.

— On dit vrai, patron Galeano, sa fortune est immense ; mais avant de me présenter chez lui, où sans doute je rencontrerai nombreuse compagnie, je ne serais pas fâché de compléter ma toilette.

– Qu’appelez-vous compléter votre toilette ? Il