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mouvement comme pour s’étendre sur l’herbe.

— Cependant, reprit Fernan Nuñez, avant de vous endormir, capitaine, peut-être serait-il bon que vous sachiez ce que j’ai fait pendant si longtemps à Talca ?

– Bon ! rien ne presse, répondit le jeune homme avec une feinte indifférence ; je sais d’avance ce que vous allez me dire.

— Je ne crois pas, capitaine ; du reste, si vous voulez me faire l’honneur de m’écouter pendant seulement quelques minutes, vous en jugerez.

— Hélas ! mon ami, c’est toujours le refrain ordinaire : vous n’avez appris aucune nouvelle des personnes que nous cherchons ?

— Ce n’est que trop vrai, capitaine.

— Vous voyez bien !

— Si je n’ai rien appris sur mon maître, répondit-il en fronçant le sourcil, en revanche j’ai fait une rencontre singulière et très-intéressante : au coin de la plaza Mayor et de la calle de la Merced, je me suis trouvé, à l’improviste, face à face avec don Estremo Montès.

— L’ancien associé de don Diego Quiros ! s’écria le jeune homme avec un bond de surprise.

– Lui-même, capitaine ; ne trouvez-vous pas comme moi la présence de don Estremo Montès extraordinaire dans cette ville de Talca ?

— C’est étrange, en effet, murmura le capitaine ; puis il reprit : Mais si vous l’avez reconnu, il vous a sans doute reconnu, lui aussi ?

— Pardon, capitaine, il m’a vu, à la vérité, mais il ne m’a pas reconnu.

— Je ne comprends pas cette distinction subtile, mon ami ?