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CHAPITRE XI.

POURQUOI OLIVIER ET SON MATELOT IVON LEBRIS AVAIENT QUITTÉ LE HASARD ET CAMPAIENT DANS UNE CLAIRIÈRE ENTRE TALCA ET CONCEPCION.


La puissance espagnole croulait avec un horrible fracas de batailles, d’hécatombes humaines d’incendies de villes mises à sac et d’horribles supplices dans toute l’Amérique.

Il était loin, le temps où Charles-Quint reconstituait, presque à son profit, l’empire grandiose de Charlemagne, et conduisait prisonnier à Madrid le roi de France François Ier ; bien loin le temps où Philippe II, de sinistre mémoire, créait contre l’Angleterre l’invincible Armada qu’un coup de vent providentiel détruisait en quelques heures, et où le souverain de toutes les Espagnes, des Flandres et des Indes, pouvait dire avec un orgueil superbe : « Le soleil ne se couche jamais dans mes États ! »

L’or du Nouveau-Monde avait accompli son œuvre destructive, aidé par le fanatisme odieux de l’inquisition, qui s’était peu à peu, dans l’ombre, substituée au pouvoir royal.

L’Espagne, amoindrie, abêtie, ruinée, dépeuplée, sans commerce, sans industrie ; livrée tout entière aux mains crasseuses de moines ignares ;