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— En avant et pas de quartier ! répétèrent les corsaires en se précipitant à sa suite.

Un silence funèbre avait subitement suivi les bruits de la double explosion ; la fumée, en se dissipant, démasqua le champ de bataille ; de tant d’hommes pleins de vie un instant auparavant, il ne restait plus que des cadavres affreusement mutilés, gisants dans un lac de sang, entassés pêle-mêle dans un effroyable désordre.

Les dalots de la Chimère avaient été bouchés, selon la coutume, avant le combat : le sang n’avait par conséquent pas pu s’écouler à la mer ; les corsaires avaient donc combattu dans le sang jusqu’à mi-jambe, ce qui ajoutait encore à l’horreur indicible de ce hideux spectacle.

— Que leur sang retombe sur leurs têtes ! dit Olivier : ils ont refusé quartier. Fouillez le navire, mais que personne ne frappe un coup de plus ! Le navire est à nous, le combat terminé ! Range à parer la Chimère !

Chacun se partagea alors le travail.

Tandis qu’une partie de l’équipage rentrait à bord du Hasard et s’occupait à dégager le corsaire — ce qui ne fut pas difficile — les autres, sous les ordres du premier lieutenant nommé capitaine de la prise, se mettaient, avec cette fiévreuse activité particulière aux marins, à débarrasser le pont des agrès qui l’encombraient et à gréer des mâts de fortune. En même temps que quelques hommes jetaient à la mer les cadavres des pirates et lavaient le pont, entre temps un quartier-maître, accompagné de cinq ou six matelots bien armés, visitait minutieusement l’intérieur de la Chimère.

Cette recherche, habilement conduite, amena