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ties dont nous avons besoin ; le docteur Legañez me semble réunir toutes les conditions requises : d’abord, il est très-habile, ce qui est un grand point ; ensuite, il meurt à peu près de faim, il végète dans ce quartier ; de plus, il est ambitieux, avide et peu scrupuleux sur les moyens de parvenir, pourvu qu’il arrive ; que demander de plus ? Nous le connaissons ; nous savons que, s’il découvre notre secret, il nous trahira sans vergogne c’est à nous à nous mettre sur nos gardes, et à le prévenir si faire se peut. Remettez-moi, je vous prie, cette nomination ?

-La voici, répondit le señor Perrico, en la retirant d’un portefeuille gonflé de papiers, qu’il portait dans une poche secrète de son vêtement.

— Très-bien, dit Ramillete en la faisant disparaître ; là est pour nous le salut, c’est-à-dire pour vous, je suis un trop mince personnage pour avoir à redouter quoi que ce soit des trahisons de ce picaro ; vous avez été soldat, vous savez qu’on ne livre pas une bataille sans perdre du monde dans la mêlée ; souvenez-vous qu’en ce moment vous livrez une bataille terrible ; ainsi pas d’hésitations, pas de faiblesses ; songez que vous combattez non pas seulement pour vous, mais pour celle que vous aimez.

— Assez, démon !… pas un mot de plus ! s’écria le señor Perrico avec une émotion étrange ; je ne veux plus rien entendre.

— À votre aise ; vous réfléchirez, et alors…

— Silence, démon ! interrompit-il en se levant brusquement et marchant avec agitation à travers le cabinet.

En ce moment des cris étouffés se firent en-