Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

calme résignation, son énergique bonté et sa stoïque indifférence pour cette société, dont il se vengeait, comme tous les grands cœurs, en lui rendant le bien pour le mal ; s’obstinant, non-seulement à ne pas la haïr, mais encore à la servir dans la mesure de ses forces.

Et soudain, par un élan spontané, toutes les mains se tendirent vers lui, et cherchèrent les siennes pour les serrer dans une chaleureuse étreinte.

Au dehors régnait un calme profond.

On n’entendait d’autres bruits que cette harmonie mystérieuse produite par les sifflements monotones du vent à travers les cordages, se fondant avec le grondement sourd de la mer filant aux flancs du navire ; et les piétinements monotones de l’officier de quart, accomplissant son éternelle promenade de la coupée à l’habitacle.

Les auditeurs d’Olivier restaient sous le coup d’une émotion profonde.

Ce récit, clair, rapide, sans phrases et sans recherche, fait sous le poids de poignants souvenirs, bourré comme à plaisir de faits étranges et extraordinaires, sur lesquels le capitaine avait passé, sans appuyer jamais, négligeant le côté pittoresque de sa narration, pour rester vrai toujours, dépassait par sa bizarrerie toutes les prévisions des trois hommes.

Quel roman, si habilement conçu et si mouvementé que l’eût écrit un auteur en renom, aurait pu soutenir la comparaison avec cette histoire navrante dans toutes ses parties, et dont les péripéties effrayantes par leur simplicité même, avaient été si fièrement subies par cet homme au