Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

– Pauvre enfant murmura le señor Perrico à demi-voix, chère Angela !

Le médecin tressaillit : il avait entendu ce nom, qu’il nota dans sa mémoire ; mais, se remettant aussitôt, il reprit :

— Bon courage, señor ; bientôt, je l’espère, tout sera heureusement terminé ; permettez-moi de vous laisser, le moment approche ; la malade a besoin de mes soins.

— Allez, señor ! allez ! Dieu veuille que vous disiez vrai !

Le docteur salua et sortit par une porte de dégagement.

Les deux amis demeurèrent seuls.

– Comment trouvez-vous le docteur ? demanda Ramillete à son compagnon.

— Parlons navarrais, répondit celui-ci ; c’est une langue peu comprise à Madrid, et dans laquelle nous pouvons, je le crois, nous entretenir sans risquer de nous compromettre ; ton médecin me fait l’effet d’un pillo de la pire espèce.

— Bien ! fit l’autre avec un geste d’assentiment, je l’ai choisi ainsi tout exprès.

— Tu as eu tort.

— Non pas ; j’ai eu raison, au contraire : un honnête homme aurait voulu savoir les pourquoi et les comment de cette affaire probablement scabreuse, d’autant plus que la duchesse et vous, mon… cousin, occupez de très-hautes positions, et que, de plus, chacun de vous est marié ; ces confidences étaient impossibles à faire, même à un confesseur ; à plus forte raison à un médecin, fût-il le plus dévoué de vos amis ; il nous fallait donc prendre un homme qui nous offrît toutes les garan-