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— Je ne cherche même plus du tout ; j’attends que la veine change et que le hasard m’offre ce que je ne réussis pas à trouver.

— Voilà un singulier raisonnement !

— Dame ! on raisonne comme on peut !

— Il ne tient cependant qu’à vous de changer cette mauvaise veine ?

— Pardieu si vous me prouvez cela, monsieur le consul, je consens à perdre vingt-cinq caisses de purs havanes !

– Est-ce tenu ?

– Pardieu puisque je le dis !

– Avez-vous demandé à Olivier ? reprit M. Lugox en me regardant avec intention.

— Ma foi, non ! La pensée ne m’en était pas venue ; je ne supposais pas qu’il consentirait à naviguer à la traite ?

— Pourquoi donc cela, capitaine ? demandai-je en riant.

— Dame je ne saurais vous le dire ; mais, vous le savez, certaines gens ont des préjugés ?

— Bon ! repris-je en riant ; je suis un sauvage, moi, capitaine ; les préjugés des gens civilisés me sont inconnus.

– Ainsi vous consentiriez ?

— Cela dépend de vous.

– Alors, c’est une affaire faite ; tope ! vous êtes mon second.

– Tope ! j’accepte, dis-je.

– Ah nous allons rire, fit-il en se frottant les mains ; vous recevrez vos cigares demain matin, monsieur le consul. Sacré matin je ne regrette pas de les avoir perdus. Buvez-vous beaucoup, monsieur Olivier ?