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La rue Plumet commence au boulevard des Invalides et finit rue des Brodeurs ; de là au faubourg du Roule il n’y a pas très-loin, la route ne fut donc pas longue.

En arrivât dans leurs appartements, les époux m’embrassèrent et me donnèrent des bonbons.

— Tu restes avec nous, me dirent-ils ; nous aurons bien soin de toi, nous t’aimerons bien ; tu es notre fils Olivier, tu nous appelleras papa et maman : y consens-tu ?

— Je veux bien répondis-je la bouche pleine de bonbons.

Et il en fut ainsi.

Je me nommais Charles-Olivier Lugox ; je me croyais véritablement l’enfant de ce jeune ménage dans lequel j’entrais ainsi à l’improviste.

Du reste, tout concourait à me maintenir dans cette erreur les parents, les amis et même les simples connaissances de M. et Mme  Lugox me traitaient de façon à me le faire croire ; la plupart d’entre eux le croyaient : les meilleurs complices sont les complices inconscients, parce qu’ils sont de bonne foi.

Ces amis et amies reprochaient doucement à Mme  Lugox de m’avoir laissé si longtemps en nourrice ; j’avais les yeux de ma mère, la physionomie de mon père, etc., etc., etc.

La vérité, la voici.

Je ne l’appris que longtemps après, par une vieille tante de Mme  Lugox, nommée Mlle  Oliveau, qui m’aimait beaucoup ; au moment de se séparer de moi, et n’espérant plus me revoir, elle m’avoua tout en sanglotant : M. et Mme  Lugox avaient eu un fils qui, s’il avait vécu, aurait eu le même âge