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pas encore parvenu à combler complètement, mais que le temps, ce grand découvreur de mystères, dissipera, j’en ai la conviction intime.

Je vous devais cette préface afin de prévenir vos interruptions probables en me voyant aussi bien instruit de certains détails que je devais ignorer, à cause des précautions minutieuses prises pour empêcher toutes indiscrétions de la part de ceux que l’on avait été obligé de mettre dans la confidence des faits se rapportant à moi. Maintenant, buvons ! À votre santé, mes amis ! et à la vôtre aussi, docteur ! Il n’y a que quelques jours que nous nous connaissons, et déjà nous nous estimons, je dirai presque nous nous aimons, comme si nous avions vécu de longues années ensemble !

— La souffrance rapproche les hommes, capitaine ; elle les attache les uns aux autres par les liens d’une sympathie magnétique qui les fait amis au premier regard ; nous nous sommes reconnus, tout d’abord, comme frères en infortune, et nous nous sommes aimés : cela devait être ainsi.

Les verres furent vidés, et les cigares allumés.

— Messieurs, reprit Olivier après avoir fortement aspiré à deux ou trois reprises la fumée de son puro tout me porte, non pas à supposer, mais à avoir la certitude que je suis Espagnol et né à Madrid pendant la nuit du 13 au 14 octobre 179., entre dix et onze heures du soir : vous voyez que je précise ; j’ai des raisons pour cela. Mon père et ma mère appartiennent tous deux à la grandesse ; ils portent les plus beaux et les plus anciens noms de la monarchie espagnole ; tous deux étaient mariés, mais non pas l’un avec l’autre le mari de ma mère était alors ministre ; mon père était