– N’y manque pas, surtout : reprit l’officier en fronçant le sourcil.
— Oh ! il n’y a pas de danger ! Et après, seigneurie ? hasarda-t-il d’une voix câline.
– Après quoi, imbécile ?
– Après le débarquement des prisonniers, que faudra-t-il faire ?
— Ce que tu voudras, animal, puisque tu seras libre.
– Ah ! fit-il à demi étouffé par la joie, je serai libre ?
– Complétement. À propos, ajouta-t-il en lui mettant plusieurs pièces d’or dans la main, voici une centaine de piastres que le capitaine m’a chargé de te donner pour t’indemniser du temps que nous t’avons fait perdre.
— Cent piastres ! à moi ! s’écria-t-il en sautant de joie. Ah mon Dieu ! vous n’êtes donc pas des pirates, après tout ?
— Eh non, imbécile, nous sommes d’honnêtes corsaires ! Allons, adieu ! et fais ce que je t’ai ordonné.
– Oh ! soyez tranquille, seigneurie ! Cent piastres ! une fortune !… Que la Vierge et les saints veillent sur vous, seigneurie !
Maître Lebègue et ses matelots éclatèrent de rire et poussèrent au large.
Le chasse-marée orienta ses voiles, mit le cap sur Faro et ne tarda pas à donner dans la passe du port.
Les prisonniers espagnols débarqués et abandonnés à Faro, port des Algarves très-rapproché de la frontière d’Espagne, rien ne retenait plus le capitaine Madray dans ces parages ; il donna