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Que puis-je vous dire, mon ami, sinon ce seul mot : Courage ! Vous croyez que tout est fini, que, sorti vainqueur d’une lutte vaillamment soutenue contre vous-même, vous n’avez plus à songer au passé que vous laissez derrière vous, et que l’avenir vous appartient ; c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’une nouvelle vie commence pour vous, et que le passé n’est plus qu’un rêve anéanti par votre subit réveil. Hélas ! mon ami ! peut-être n’avez-vous jamais eu plus besoin de vos forces. Voilà pourquoi, moi, votre ami dévoué, je vous crie : Courage, Olivier ! On ne se désintéresse jamais du passé ; il vous étreint sans cesse, à chaque seconde ; c’est la tunique de Nessus qui, une fois posée sur les épaules d’Hercule, ne peut en être arrachée sans emporter avec elle des lambeaux de chair saignante, et que l’on est contraint de garder jusqu’au tombeau.

— Que voulez-vous dire, mon ami ? fit Olivier avec émotion ; je ne vous comprends pas, ou plutôt je crains de vous comprendre. À quoi faites-vous allusion dans mon passé, si court d’années encore, et si long déjà de souffrances ?

– Vous m’avez deviné, mon ami.

– Peut-être, mon cher José ; mais, je vous en prie, expliquez-vous.

— Vous le voulez ?

— Ne vous ai-je pas dit au commencement de cette conversation : le doute me tue.

– C’est vrai, vous m’avez dit cela, Olivier.

– Eh bien ! faites cesser ce doute ; vous le pouvez, je le vois ; donnez-moi une certitude, quelle qu’elle soit : tout est préférable pour moi à l’ignorance dans laquelle je suis plongé.