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en retraite de l’alignement de la calle de Alcala, était formée par deux hautes tourelles en granit bleuâtre, sveltes, élancées, fouillées et découpées avec un art infini, surmontées d’almenas, percées çà et là de nombreuses archères, et reliées entre elles par une épaisse muraille crénelée, au centre de laquelle s’ouvrait une immense porte ogivale à doubles ventaux, large, massive, percée d’un guichet, garnie de solides serrures, véritables chefs-d’œuvre de serrurerie, et semée à profusion d’énormes clous en acier, dont les têtes étaient taillées en pointe de diamant.

Cette porte supportait un gigantesque écusson en saillie, sculpté dans le granit, et sur lequel les armoiries de la famille de Salaberry étaient très-artistiquement représentées.

Les Salaberry portaient d’or, au griffon de sable, la queue fourchée, lampassé et couronné de gueules ; l’écu, timbré d’un casque à visière baissée, dont le cimier était une couronne de duc, de fleurons à feuilles d’ache, avait pour support à dextre et à senestre un griffon la griffe allongée sur le casque et le maintenant.

Sur une banderole de granit, courant sous l’écusson, était gravée cette fière devise ou plutôt ce cri de guerre :

Cuidado alli viene !

ce qui signifie :

Gare, le voilà qui vient !

Le 13 octobre 179., la nuit était tombée, pluvieuse et sans lune ; le vent fouettait avec force les cordes des rares réverbères à demi éteints, en